• Derrière chez nous y’a un lac.  Y’a aussi un terrain de foot, entendez de football américain bien sur.  C’est le stade des « Mighty Panthers » de McKinkey High School.  Mais en ce début de saison de football, c’est aussi un lieu bourdonnant d’activités tous les weekends.  En effet, alors que ce terrain est d’ordinaire peu utilisé, pour les entrainements et les matchs des Mighty Panthers, nous sommes réveillés le samedi matin par des cornes de brumes et des cris d’enfants … des tournois de tout jeunes joueurs ont lieu en cette période de l’année sur ce stade.  En fait, ce sont des tournois organisés par l’association « Louisiana Youth Football » qui s’est donné pour mission de faire faire du sport aux jeunes et d’utiliser les stades de différentes villes à cet effet, pour promouvoir les valeurs du sport « Responsibility; Goal Setting; Sportsmanship; Self Control; Smart Decisions; Teamwork; Leadership; Perseverance ».

    Allez-voir leur site www.scotlandvillesportsacademy.com/LYFAboutUs.html.

    Cinq ou six équipes s’affrontent dans des matchs d’une petite heure sous forme de tournois.  Le spectacle, que nous regardons avec amusement après les avoir maudit quelques minutes, vaut vraiment le coup d’œil.  Les enfants, entre 6 et 13 ans, sont affublés du même équipement que celui de leurs idoles qu’ils représentent fièrement.  Par exemple, ce matin les « Saints » de la Nouvelle Orléans étaient à Bâton Rouge !  Même si leurs équipements sont, j’imagine, taille junior, c’est particulièrement drôle de voir des enfants porter cet accoutrement.  Ils ont l’air d’être tout simplement déguisés avec des casques trop grands, des épaulières qui triplent leur largeur d’épaule et des T-shirt trop longs !  Ils sont tout choupinets !  Et c’est tout comme les grands : la trentaine de joueurs est encadrée par au moins 3 adultes, avec tout l’équipement du parfait professionnel, les glacières de boissons Gatorade et les cheerleaders, pas plus grandes et tout aussi concentrées que les joueurs qu’elles supportent.  De futurs pros à n’en pas douter.  Les petits, plus « athlétiques » jouent les quaterbacks ou les runnerbacks – ceux qui courent vite –et les plus « enveloppés » jouent la première ligne de défense, les blockers, ceux qu’on a du mal à pousser !  Tout le monde trouve sa place dans ce jeu !


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  • L’état américain intervient très peu dans le financement et l’organisation des écoles publiques. Une très grande autonomie est donc laissée à chaque état dans la gestion de l’éducation.

    L’état de Louisiane est lui-même divisé en paroisses, un peu l’équivalent de nos académies, et chaque paroisse a son propre « Schoolboard » qui régit lui aussi à son niveau la vie des écoles sous sa direction. Cela va du salaire des enseignants au choix des outils à utiliser en classe. Les salaires peuvent varier d’une paroisse à l’autre ainsi que les emplois du temps des élèves, les dates des vacances...

    Mais les schoolboards ne payent pas tout ! Les écoles doivent se débrouiller pour amasser de l’argent afin de s’accorder quelques extras : matériel pédagogique, outils informatiques, heures de remplacements pour nous permettre de partir en formation, livres etc…

    Je vais essayer de vous lister tous les moyens mis en œuvre dans mon école pour récolter des fonds. Libre a vous si vous en avez expérimenté d’autres de les ajouter en commentaires.

    1-Le plus « classique » et le plus direct ce sont les « supply fees », c'est-à-dire les 20 dollars que nous demandons à chaque famille en début d’année. C’est un peu ce qui constitue le budget de classe. Je me retrouve avec environ 300 dollars a dépenser comme bon me semble pour acheter de la peinture, des décos, des feutres ou des bonbons pour mes élèves (sachant que les familles fournissent elles-mêmes crayons a papiers, colle, gomme et crayolas en début d’année et ce en quantité astronomique).

    2-Le plus « comme dans les films » et le plus explicite c’est le fundraising. Les élèves reçoivent un catalogue d’objets divers et ils doivent recueillir des promesses d’achat auprès de leurs proches. Plus ils vendront de produits plus ils seront récompensés. Mes petites élèves sont des pros en la matière, l’un d’eux a récemment vendus pour 500 dollars de cartes de noël et de pate a cookie…Je n’ai pas encore compris quelle part du butin revient a l’école…mais vu l’énergie mise par toute l’équipe et par l’association de parents d’élèves ce doit être assez conséquent.

    3-Le plus « écolo », est celui qui consiste à recycler cartouches d’encres et téléphones portables en échange de quelques dollars.

    4-Le plus « consommons intelligent »  c’est la course au coupons spéciaux sur les boites d’aliments : les coupons Community Coffee, et les « Box Top for Education » sont les plus connus.

     

     

    5-Le plus « have fun » c’est la kermesse de l’automne, je ne vous détaille pas, c’est comme chez nous.

    6-Le plus « littéraire » c’est la foire au livre, ou comment vendre a prix d’or des livres aux élèves pour amasser le bénéfice et en retour acheter de nouveaux livres pour la bibliothèque.

    7-Le plus « c’est pas pour rien qu’il ya beaucoup d’enfants obeses aux USA », c’est coup des « snacks ». Tous les vendredis les élèvespeuvent apporter 1 ou 2 dollars et acheter chips, cookies et sodas avant la récré (c’est super de se gaver de chips et d’enrober le tout dans les bulles du coca…juste avant de faire le cochon pendu…) Et ca marche ! La file d’enfants désirant acheter ces fameux snacks s’allonge chaque semaine…Le pire c’est que j’ai craqué, un jour je les ai menacés de ne pas aller acheter leur ration de calories inutiles s’ils n’étaient pas sages…On n’a pas retiré des écoles les distributeurs de cochonneries en France ?

    8-Le plus « comment transformer votre enfant en encart publicitaire » : Pour finir, et j’en oublie surement, il y a les « nuits » South Boulevard dans les différents restaus du coin. Pizza Hut et Cie sponsorisent l’école lui en offrant 10% des commandes passées par les enfants le 1er mercredi du mois…après leur avoir offert un sticker a leur logo pour bien rappeler aux parents qu’ils doivent commander !

    Certains de ces événements de la vie de notre école sont assez anodins d’autre plutôt choquants pour notre regard européen, il est cependant difficile de juger car la comparaison avec la France est impossible vue le mode de financement des écoles chez nous. Juste pour info, grâce a toutes ces actions et aux sommes allouées grâce a notre statut de « Magnet School », nous avons 3 ordis par classe, une salle informatique avec un ELMO, 2 vidéoprojecteurs, un système de vidéoconférence, 1 ordi portable, 2 appareils photos numériques, 1 camera digitale mais………pas assez de chaises dans notre salle des maitres !


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  • Si vous croyez cela, vous n’avez jamais mis le pied dans une fourmilière de fourmis rouges ou fourmis de feu comme on les appelle ici.

    A votre arrivée en Louisiane, vous proposez à vos élèves de jouer au « facteur » sur l’herbe dans la cour de récré. Une de vos petites vous accroche le bras et se plaint de ne pas vouloir s’asseoir a cause des fourmis. « Espèce de chochotte, », pensez vous en lui disant de s’asseoir comme tout le monde.

    Quelques semaines plus tard, un de vos collègues du Codofil met le pied dans une fourmilière car il a la bonne idée de marcher pieds-nus dans un champ détrempé…Son cri de douleur vous interpelle mais malgré votre empathie certaine, vous ne comprenez toujours pas.

    Mais votre chance va tourner : chaussée de tongs toutes neuves, vous avez un jour l’idée saugrenue de descendre de voiture en mettant les pieds dans l’herbe. « Tiens ! Qu’est ce qui m’a piqué ? » pensez-vous en ressentant comme un pincement près de votre gros orteil droit…Vous scrutez la pelouse et vous apercevez des milliers de fourmis toutes petites qui grouillent devant vous. Bon, vous n’êtes pas une chochotte comme ces petites américaines et vous pensez que ca va gratter quelques heures et que ca passera…

    La nuit venue, une sensation atroce de démangeaison vous tire du sommeil. Votre pied brule ! Au risque de réveiller votre cher et tendre qui dort tranquillement a coté (le bienheureux), vous allumez la lumière pour constater que votre pied droit a triplé de volume ! Une double entorse ?  Non, vous êtes tellement peu sportive au moment des faits vous n’auriez jamais eu l’occasion de vous faire ce genre de blessure ! Vos pensées embrumées se remettent en ordre et vous vous rappelez cet insecte grouillant croisé quelques heures plus tôt ! Ahrgh !!! C’était donc ca !

    Au réveil vous pouvez à peine poser le pied par terre, une trace de morsure est apparue juste la ou vous aviez ressenti le pincement apparemment anodin…La grosseur de votre pied fait halluciner vos collègues, vous ne pouvez plus mettre de chaussures fermées…

     

    Apres 15 jours de démangeaisons récurrentes, votre pied dégonfle enfin et la trace de morsure disparaît. Vous cauchemardez a l’idée que plusieurs fourmis auraient pu vous piquer en même temps…

    Depuis cette rencontre malheureuse, cela vous est arrivé encore 3 fois (il vous a fallu du temps pour comprendre que surveiller la récré en tongs c’était une idée débile…) et vous n’avez plus jamais proposé à vos élèves de jouer au facteur dans l’herbe…


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  • Comme en France, les jeux vidéos, les livres et les films sont « vus et validés » par une commission qui décide de les classer pour un public.  Par exemple, avant chaque film ou chaque bande annonce, un message vous annonce dans quelle catégorie se trouve le film ou la bande annonce qui s’apprête à passer:

    -rated E (pour Everybody) = évalué pour tout le monde, pas tellement différent, voire identique au rated G (pour General Audience)

    -puis vient le rated PG (pour Parental Guidance = sous l’autorité/supervision des parents) avec ventuellement un chiffre (par exemple PG-13) indiquant l’âge en dessous duquel la supervision des parents est fortement conseillée

    -rated R (pour Restricted) indiquant qu’un enfant de moins de 17 ans doit être accompagné obligatoirement

    -enfin rated NC-17 indique que les personnes de moins de 17 ans ne sont même pas admises dans la salle

    Ce système n’est pas une loi mais une aide pour les parents.  Mais quid de son utilisation par les parents ?  Ce qui nous a frappé avec Anne-Sophie lors de nos sorties cinémastiques, ce ne sont pas les tailles XXXXL des paquets de pop-corn, la mise à disposition d’une fontaine de beurre chaud pour les engluer alors qu’ils sont  déjà luisants d’huile, ou le nombre de personnes mangeant des nachos trempés dans du cheddar fondu pendant le film, mais le fait que quand une famille se déplace au cinéma, elle se déplace le plus souvent toute entière.  Le fils de 15 ans venu voir « Spiderman » avec sa mère, et son père sera accompagné de sa petite sœur de 10 ans, de son petit frère de 8 ans et du petit dernier de 3 ans.  Si le premier regardera effectivement le film, les deux du milieu passeront leur temps à courir dans les allées ou à discuter avec les parents, et le petit dernier à pleurer jusqu’à ce qu’il s’endorme.  Pourquoi toute la famille ?  Vaste question.  C’est une sortie familiale donc tout le monde ensemble ?  C’est moins cher et plus facile que de prendre une baby-sitter ?  C’est dans la culture américaine tout simplement ? 

    Le paradoxe est que des enfants de 5 ans qui vivent en Louisiane, état de la Bible Belt (la ceinture biblique, expression qui regroupe les états du sud-est américain très croyants et pratiquants) n’hésitent pas à dire à leur maitresse  – et Anne-Sophie en témoignera – que le dessin du petit garçon tout nu (schématisé) dans le petit Larousse de la classe est « innapropriate » (=déplacé) mais que ces mêmes enfants auront passé leur samedi soir à regarder des personnes se tirer dessus et des têtes se faire décapiter, malgré le conseil donné au parents.  Du coup, des sites internet fleurissent ou les parents peuvent donner leur propre évaluation du film (par exemple www.commonsensemedia.org) et où le site lui-même propose une évaluation du film très détaillée.  Pour aller encore plus loin, des sites (par exemple www.screenit.com) proposent aux parents de payer – l’équivalent d’une place de cinéma peu ou prou – pour avoir un détail complet de ce qui se passe au cours du film, pour savoir à quel moment mettre les mains sur les yeux ou sur les oreilles de leurs enfants (véridique).  L’argument commercial de ce site étant bien sur de préserver au mieux ces cher petites têtes blondes.  Pour un film comme « The bridge to Terabithia », une histoire fantastique d’un petit garçon qui s’invente un monde imaginaire,  en cliquant sur la rubrique « attitudes mauvaises ou irrespectueuses », nous saurons que (je traduis) « Janice lance une tranche de pain avec du beurre de cacahouète dessus à Jess et que la tranche se colle à sa chemise » ou que (je traduis toujours) « Jess et Leslie écrivent une fausse lettre d’amour d’un garçon pour Janice et que quand Janice s’approche du garçon plus tard dans le film, il lui dit séchement « dans tes rêves » et les autres enfants se moquent d’elle » …

    Deux comportement extrêmes donc des parents qui soit, ne prêtent que peu (pas) d’attention aux « ratings » soient sont demandeurs de ces évaluations.  Pour finir par une anecdote, une collègue d’Anne-Sophie n’hésite pas à amener son fils de 7 ans voir Sipderman (PG-13 pourtant) et lui « cache les yeux ou lui bouche les oreilles quand il faut » et se trouve donc bien aidée par ce genre de site internet ! 


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  • En discutant avec mes collègues du Codofil, nous avons constaté que les motivations de nos parents d’élèves à inscrire leurs enfants dans un programme de français étaient fort variées. A Bâton Rouge, ce choix des parents vient moins d’un attachement au français lui-même (lié à l’histoire familiale, à la présence de grand-parents parlant cajun ou créole par exemple) que d’un souhait d’inscrire leur enfant dans une bonne école. Pour tout vous dire, dans ma classe cette année, 2 élèves seulement ont des origines cajuns.

    J’ai voulu creuser un peu et comprendre pourquoi notre école était tant demandée par les parents et pourquoi des gens en apparence sans aucun lien avec la langue française, faisaient des pieds et des mains pour inscrire leur enfant à South Boulevard.

    Commençons d’abord par un aperçu des écoles de Bâton Rouge : en un mot, c’est la zone. Tout parent un peu renseigné fera tout pour éviter à son enfant d’avoir à suivre des cours dans certains collèges et lycées de la ville. Mais la carte scolaire existe aux Etats-Unis aussi. Si le lycée du quartier est une sorte d’Alcatraz, ou les élèves ne rentrent qu’après avoir passé le détecteur de métaux, et ou la police intervient 2 fois par semaine, on comprend que certains parents, dès l’entrée en maternelle de leur enfant feront tout pour la contourner.

    Il y a des moyens légaux et proposés par le schoolboard de faire suivre à son enfant une scolarité plus sereine (même si comme  je vous l’expliquerais plus loin, ce n’est plus la peur de la bagarre qui guidera l’enfant mais la peur des mauvaises notes).

    Ici, à Bâton Rouge, comme dans plusieurs villes des Etats-Unis, ont été créées des  « Magnet Schools », ou « Ecoles Aimant ». Ce sont des écoles qui proposent un programme spécial et recrutent donc des élèves attirés par le contenu des cours (le curriculum comme on dit ici). Il y a 6 écoles primaires, 3 collèges et 4 lycées proposant des programmes spéciaux allant du théâtre aux sciences en passant par les langues étrangères. Ce sont des écoles publiques, gratuites, qui acceptent les enfants sur application. Les parents doivent candidater, leurs enfants sont testés et s’ils passent l’épreuve, sont acceptés dans le programme pour a priori y rester jusqu'à la fin de leur scolarité. Les listes d’attente sont longues, les parents postulent dans plusieurs écoles dès les 5 ans de leur enfant. En effet, l’âge idéal pour postuler est celui de l’entrée en kindergarten, ces écoles acceptant rarement les enfants après le premier grade ou alors sur présentation d’un livret de notes en béton !

    Et oui, pour pouvoir rester dans une école Magnet, les élèves doivent maintenir, toutes matières confondues, une moyenne élevée stipulée dans un contrat signé par les familles. Ceux qui ne se maintiennent pas au niveau sont invités à retourner dans l’école de leur quartier ou a se diriger vers le privé ou les couts de la scolarité peuvent être exorbitants.

    En tant qu’enseignante, enseigner dans ce type d’école est un privilège : mes élèves sont très cultivés, beaucoup sont déjà lecteurs, les éventuels problèmes de discipline sont très vite résolus avec l’aide des parents qui ne veulent pas voir leur enfant exclu du programme. J’ai 23 élèves, en France je n’aurais jamais ce « confort » d’enseigner a une classe homogène avec si peu d’effectif et des parents investis. Cependant, imaginer la pression sur les épaules des petits et déjà déceler ceux de mes élèves qui ne resteront pas jusqu’au bout du programme me fait de la peine. A l’heure ou l’on parle de sélection a l’entrée en fac en France, ici cela se passe beaucoup plus tôt.

    Je finirais cet article sur le point de vue d’une des mamans de l’école sur la particularité des Magnet en Louisiane.

    Ici dans le sud des Etats-Unis, les Magnet Programs ont été créés dans des quartiers peu attractifs, souvent des quartiers pauvres et a majorité noire, afin d’y attirer des élèves blancs. Il y a donc en plus de la sélection classique, un système de quota qui rentre en jeu, pour maintenir un équilibre entre les populations noires et blanches des écoles. C’est ce qui est appelé ici la déségrégation. Cette maman est assez jeune mais est encore fascinée de voir les enfants noirs et blancs jouer ensemble dans la cour de recréation alors que cela était impensable quand elle-même était enfant et que cela n’arrive pas dans d’autres écoles classiques de la ville. Elle pense que pour l’instant ce mélange entre les populations ne continue pas en dehors de l’école mais que c’est de toute évidence une étape dans un processus de longue haleine. 

    Je rajoute a cet article une petite video de l'interview de notre "lead teacher" sur une chaine locale, tres tot hier matin.

     


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