• Comme vous le savez nous rentrons en France bientôt et je m’apprête à retrouver les chères tètes blondes bretonnes... (enfin pas tout de suite mais c’est un peu compliqué à expliquer ici…)

    En un an et demi d’école à l’américaine je suis devenue ce qu’on appelle une « control freak » et je me demande à la fois avec inquiétude et excitation comment je vais transférer ce que j’applique ici en matière de discipline.

    Voici le tableau : 23 kindergarten adorables (sauf au bout de 14 semaines d’école, mais je pense que n’importe quel ange vous arracherait des envies de meurtres après une si longue période sans break…) qui ne disent pas un mot quand ils travaillent à leur table, qui chuchotent durant les ateliers et marchent en ligne sans ouvrir la bouche (les bons jours). J’ai commencé comme tout le monde par être choquée par cette obligation de silence permanent, je me suis demandée si ce serrage de vis général n’aurait pas pour conséquence des pétages de plombs à chaque moment de liberté (genre : la récré en primaire, le Spring break à la fac et les vacances aux Antilles à l’âge adulte…)…et puis je m’y suis habituée.

    De toute façon j’ai toujours détesté le bruit et les moments de flottement dans ma classe, il faut que je garde le contrôle sinon je « freak out » comme on dit ici.

    Dans ma classe j’ai un classique système de feu rouge/feu vert avec une pince a linge pour chaque enfant que je fais descendre peu a peu vers le rouge en cas d’enfreintes au règlement de la classe (mal assis, bavardage, course dans les couloirs…).

    Une fois sur la couleur rouge, l’élève (on va l’appeler K au hasard…) aura droit a une croix (ou un X ) sur sa charte de conduite hebdomadaire. Là réside en partie l’efficacité du système. Cette feuille de conduite repartira à la maison tous les vendredis et devra revenir signée. Le nombre de X indiqué correspond au grade hebdomadaire de K qui peut aller du A (excellent) au F (oh la la K ! Attention a tes fesses…). Ce grade comptera dans la moyenne générale de K qui comme vous le savez déjà (lire article sur les magnet school) ne peut pas descendre en dessous d’un certain seuil… (rassurez-vous, aucun Kindergarten ne s’est encore fait virer a cause de son comportement…) Bref, quand K rentrera a la maison avec un C ou un D sur sa feuille de conduite,  sa maman paniquée m’appellera, prendra rendez vous et essayera de tout faire pour que le  comportement de K s’améliore (en gros elle  récompensera ses bons grades …mais cette politique de la carotte fera l’objet d’un autre article..). La menace ultime pour obtenir le calme est donc dans ma classe le fameux "tu veux un X?" qui a beaucoup impressionné mes parents a moi lors de leur visite dans ma classe!

    J’ai la chance d’avoir des parents réactifs, qui acceptent de jouer le jeu de cette feuille de conduite (pas évident je suis sure a mettre en place en France…) et peu d’élèves comme K dans ma classe…

    Les outils que nous sommes tous obligés d’utiliser pour gérer la discipline dans la classe sont somme toute classiques.Nous sommes aides par le fait que d'avoir une "politique" d’école, des règles communes a tous les niveaux, des familles impliquées et une principale (dont le bureau est la destination finale en cas d’enfreinte au règlement) bien identifiée par les enfants comme étant « la chef ». Nous avons aussi bien sur un tas d’outils pour valoriser les bons comportements des élèves, je vous en reparlerais plus longuement a notre retour de vacances.

    Notre luxe est d’avoir en plus un collègue dont le rôle est exclusivement celui de « surveillant des collés ». Quand un élève dépasse les bornes de façon grave (insulte, coups, refus de travailler répétitif…) nous l’envoyons en TOR (Time Out of Room) avec des exercices à faire sous surveillance de ce grand gaillard qui ne ferait pas de mal a une mouche mais que les enfants craignent presqu’autant que la principale. Vous vous doutez qu’avec ma classe d’anges pas un n’a expérimenté le bureau de TOR…quoique…il y en a bien un (devinez qui...) qui a jeté une brique sur une voiture dans un moment d’égarement (tiens… la récré, bizarre…).

    PS : je dédie cet article a tous ceux qui ont eu des K. dans leur classe ici ou ailleurs…y’a des prénoms comme ca qu’on n’oublie pas…

    PS2 : désolée, vous devrez attendre un peu pour des photos en situation, car la je suis en………vacaaaances !!!


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  • L’état américain intervient très peu dans le financement et l’organisation des écoles publiques. Une très grande autonomie est donc laissée à chaque état dans la gestion de l’éducation.

    L’état de Louisiane est lui-même divisé en paroisses, un peu l’équivalent de nos académies, et chaque paroisse a son propre « Schoolboard » qui régit lui aussi à son niveau la vie des écoles sous sa direction. Cela va du salaire des enseignants au choix des outils à utiliser en classe. Les salaires peuvent varier d’une paroisse à l’autre ainsi que les emplois du temps des élèves, les dates des vacances...

    Mais les schoolboards ne payent pas tout ! Les écoles doivent se débrouiller pour amasser de l’argent afin de s’accorder quelques extras : matériel pédagogique, outils informatiques, heures de remplacements pour nous permettre de partir en formation, livres etc…

    Je vais essayer de vous lister tous les moyens mis en œuvre dans mon école pour récolter des fonds. Libre a vous si vous en avez expérimenté d’autres de les ajouter en commentaires.

    1-Le plus « classique » et le plus direct ce sont les « supply fees », c'est-à-dire les 20 dollars que nous demandons à chaque famille en début d’année. C’est un peu ce qui constitue le budget de classe. Je me retrouve avec environ 300 dollars a dépenser comme bon me semble pour acheter de la peinture, des décos, des feutres ou des bonbons pour mes élèves (sachant que les familles fournissent elles-mêmes crayons a papiers, colle, gomme et crayolas en début d’année et ce en quantité astronomique).

    2-Le plus « comme dans les films » et le plus explicite c’est le fundraising. Les élèves reçoivent un catalogue d’objets divers et ils doivent recueillir des promesses d’achat auprès de leurs proches. Plus ils vendront de produits plus ils seront récompensés. Mes petites élèves sont des pros en la matière, l’un d’eux a récemment vendus pour 500 dollars de cartes de noël et de pate a cookie…Je n’ai pas encore compris quelle part du butin revient a l’école…mais vu l’énergie mise par toute l’équipe et par l’association de parents d’élèves ce doit être assez conséquent.

    3-Le plus « écolo », est celui qui consiste à recycler cartouches d’encres et téléphones portables en échange de quelques dollars.

    4-Le plus « consommons intelligent »  c’est la course au coupons spéciaux sur les boites d’aliments : les coupons Community Coffee, et les « Box Top for Education » sont les plus connus.

     

     

    5-Le plus « have fun » c’est la kermesse de l’automne, je ne vous détaille pas, c’est comme chez nous.

    6-Le plus « littéraire » c’est la foire au livre, ou comment vendre a prix d’or des livres aux élèves pour amasser le bénéfice et en retour acheter de nouveaux livres pour la bibliothèque.

    7-Le plus « c’est pas pour rien qu’il ya beaucoup d’enfants obeses aux USA », c’est coup des « snacks ». Tous les vendredis les élèvespeuvent apporter 1 ou 2 dollars et acheter chips, cookies et sodas avant la récré (c’est super de se gaver de chips et d’enrober le tout dans les bulles du coca…juste avant de faire le cochon pendu…) Et ca marche ! La file d’enfants désirant acheter ces fameux snacks s’allonge chaque semaine…Le pire c’est que j’ai craqué, un jour je les ai menacés de ne pas aller acheter leur ration de calories inutiles s’ils n’étaient pas sages…On n’a pas retiré des écoles les distributeurs de cochonneries en France ?

    8-Le plus « comment transformer votre enfant en encart publicitaire » : Pour finir, et j’en oublie surement, il y a les « nuits » South Boulevard dans les différents restaus du coin. Pizza Hut et Cie sponsorisent l’école lui en offrant 10% des commandes passées par les enfants le 1er mercredi du mois…après leur avoir offert un sticker a leur logo pour bien rappeler aux parents qu’ils doivent commander !

    Certains de ces événements de la vie de notre école sont assez anodins d’autre plutôt choquants pour notre regard européen, il est cependant difficile de juger car la comparaison avec la France est impossible vue le mode de financement des écoles chez nous. Juste pour info, grâce a toutes ces actions et aux sommes allouées grâce a notre statut de « Magnet School », nous avons 3 ordis par classe, une salle informatique avec un ELMO, 2 vidéoprojecteurs, un système de vidéoconférence, 1 ordi portable, 2 appareils photos numériques, 1 camera digitale mais………pas assez de chaises dans notre salle des maitres !


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  • En discutant avec mes collègues du Codofil, nous avons constaté que les motivations de nos parents d’élèves à inscrire leurs enfants dans un programme de français étaient fort variées. A Bâton Rouge, ce choix des parents vient moins d’un attachement au français lui-même (lié à l’histoire familiale, à la présence de grand-parents parlant cajun ou créole par exemple) que d’un souhait d’inscrire leur enfant dans une bonne école. Pour tout vous dire, dans ma classe cette année, 2 élèves seulement ont des origines cajuns.

    J’ai voulu creuser un peu et comprendre pourquoi notre école était tant demandée par les parents et pourquoi des gens en apparence sans aucun lien avec la langue française, faisaient des pieds et des mains pour inscrire leur enfant à South Boulevard.

    Commençons d’abord par un aperçu des écoles de Bâton Rouge : en un mot, c’est la zone. Tout parent un peu renseigné fera tout pour éviter à son enfant d’avoir à suivre des cours dans certains collèges et lycées de la ville. Mais la carte scolaire existe aux Etats-Unis aussi. Si le lycée du quartier est une sorte d’Alcatraz, ou les élèves ne rentrent qu’après avoir passé le détecteur de métaux, et ou la police intervient 2 fois par semaine, on comprend que certains parents, dès l’entrée en maternelle de leur enfant feront tout pour la contourner.

    Il y a des moyens légaux et proposés par le schoolboard de faire suivre à son enfant une scolarité plus sereine (même si comme  je vous l’expliquerais plus loin, ce n’est plus la peur de la bagarre qui guidera l’enfant mais la peur des mauvaises notes).

    Ici, à Bâton Rouge, comme dans plusieurs villes des Etats-Unis, ont été créées des  « Magnet Schools », ou « Ecoles Aimant ». Ce sont des écoles qui proposent un programme spécial et recrutent donc des élèves attirés par le contenu des cours (le curriculum comme on dit ici). Il y a 6 écoles primaires, 3 collèges et 4 lycées proposant des programmes spéciaux allant du théâtre aux sciences en passant par les langues étrangères. Ce sont des écoles publiques, gratuites, qui acceptent les enfants sur application. Les parents doivent candidater, leurs enfants sont testés et s’ils passent l’épreuve, sont acceptés dans le programme pour a priori y rester jusqu'à la fin de leur scolarité. Les listes d’attente sont longues, les parents postulent dans plusieurs écoles dès les 5 ans de leur enfant. En effet, l’âge idéal pour postuler est celui de l’entrée en kindergarten, ces écoles acceptant rarement les enfants après le premier grade ou alors sur présentation d’un livret de notes en béton !

    Et oui, pour pouvoir rester dans une école Magnet, les élèves doivent maintenir, toutes matières confondues, une moyenne élevée stipulée dans un contrat signé par les familles. Ceux qui ne se maintiennent pas au niveau sont invités à retourner dans l’école de leur quartier ou a se diriger vers le privé ou les couts de la scolarité peuvent être exorbitants.

    En tant qu’enseignante, enseigner dans ce type d’école est un privilège : mes élèves sont très cultivés, beaucoup sont déjà lecteurs, les éventuels problèmes de discipline sont très vite résolus avec l’aide des parents qui ne veulent pas voir leur enfant exclu du programme. J’ai 23 élèves, en France je n’aurais jamais ce « confort » d’enseigner a une classe homogène avec si peu d’effectif et des parents investis. Cependant, imaginer la pression sur les épaules des petits et déjà déceler ceux de mes élèves qui ne resteront pas jusqu’au bout du programme me fait de la peine. A l’heure ou l’on parle de sélection a l’entrée en fac en France, ici cela se passe beaucoup plus tôt.

    Je finirais cet article sur le point de vue d’une des mamans de l’école sur la particularité des Magnet en Louisiane.

    Ici dans le sud des Etats-Unis, les Magnet Programs ont été créés dans des quartiers peu attractifs, souvent des quartiers pauvres et a majorité noire, afin d’y attirer des élèves blancs. Il y a donc en plus de la sélection classique, un système de quota qui rentre en jeu, pour maintenir un équilibre entre les populations noires et blanches des écoles. C’est ce qui est appelé ici la déségrégation. Cette maman est assez jeune mais est encore fascinée de voir les enfants noirs et blancs jouer ensemble dans la cour de recréation alors que cela était impensable quand elle-même était enfant et que cela n’arrive pas dans d’autres écoles classiques de la ville. Elle pense que pour l’instant ce mélange entre les populations ne continue pas en dehors de l’école mais que c’est de toute évidence une étape dans un processus de longue haleine. 

    Je rajoute a cet article une petite video de l'interview de notre "lead teacher" sur une chaine locale, tres tot hier matin.

     


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  • Voici bientôt un mois que  j’ai repris les chemins de l’école, retrouvant ma classe colorée (http://louisianastory.over-blog.com/article-3650228.html) remplie cette année de 23 « kindergarteners » avides d’apprendre.

    Si vous arrivez cette année, que vous venez de démarrer avec le Codofil et que vous êtes sur les rotules, que vous hésitez à repartir par le 1er avion…rassurez-vous. J’étais dans le même état l’an dernier a la même période…Je me souviens des soirées raccourcies pour cause d’endormissement prématuré, des siestes obligatoires a la sortie de l’école (non, pas a 15h30 comme le prétend Stanislas, mais plutôt vers 18h au début…), de mon corps qui ne tenait plus l’alcool, de mon cerveau qui ne pouvait plus réfléchir…

    Et bien cette année…je me dis que ca valait le coup de revenir car tout est beaucoup plus simple ! Mes fiches de prep sont prêtes (il n’y a plus qu’a changer la date), ma classe était hyper bien rangée depuis fin mai alors je retrouve tout d’un seul coup, je suis sure de la discipline que je veux faire régner dans ma classe, je n’ai plus de doute sur le fait que mes élèves comprennent ce que je leur dit, et je quitte l’école a…15h45 (bon la, ca donne raison a Stanislas)…bref jusqu’ici tout va bien.

    Alors si vous avez le moral dans les chaussettes, que vos cernes vous arrivent au milieu des joues, reposez vous bien en ce lundi férié, comptez les semaines jusqu'aux prochaines vacances (11 tout de meme) et pensez que l’an prochain tout sera plus facile !


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  • Je me souviens bien des derniers jours d’école en primaire ou nous pouvions apporter des jeux de société et ou nous avions des récrés a rallonge. On faisait aussi parfois une sortie au zoo ou a la plage. C’était sympa, mais….

    Ici la fin d’année est marquée par tout un tas de rituels « de passage » que les élèves, étudiants et parents ne manqueraient pour rien au monde.

    Voici un résumé des événements marquant de la fin d’année a South Boulevard Elementary.

    -Le Field trip : ou l’on recrute tous les parents de la classe pour veiller sur les élèves pendant qu’on se balade peinardes entre collègues dans les allées du zoo. En plus, on n’oublie pas de suggérer aux parents de repartir avec leurs enfants après la visite…du coup on finit la journée avec 10 élèves…Le pied !

    -L’International Festival : ou comment montrer aux familles et à la hiérarchie que notre école c’est la mieux, la plus belle, et que nos enfants sont les plus beaux et les plus intelligents… Un vrai show avec crises de nerfs de la principale, répétitions sur répétitions, présence de la Télé locale …et applaudissements mérités parce que sincèrement, c’était vachement bien !

    -Le Talent Show : ou l’on découvre que les enfants américains sont bien plus enclins a devenir des stars que les enfants français. Ils ne sont pas timides et osent monter sur scène des le plus jeune âge. Des reprises classiques des tubes du moment aux démonstrations de hula hop et de corde à sauter, il y en a pour tous les gouts. Un spectacle très bon enfant loin des atmosphères de compétition que l’on imagine vu d’Europe

    -La Graduation des élèves  de 5eme grade : ou les futures collégiennes s’habillent en princesse et ou leurs camarades portent costume et cravate pour recevoir leur diplôme et dire au revoir a l’école primaire. Un grand moment d’émotion pour les adolescents, orchestré à la minute près par la prof de musique.

    -Award Day : ou comment, des la maternelle,  instituer le gout du résultat aux petits élèves. L’événement qui m’a le plus posé question…Comment choisir de façon objective a qui remettre un prix, comment expliquer a un enfant de 5 ans qu’il n’a pas de prix cette année…Peut-être en en donnant un à chacun.. mais alors, quelle est la vraie valeur du prix reçu ?

    Dans d’autres écoles des événements semblables ont eu lieu, auxquels d’ajoute parfois la réalisation d’un « year book », un mini bal pour les plus grand ou diverses « party » organisées dans les classes.

    Chaque jour des deux dernières semaines à donc tourné autour de l’un de ces événements. Les apprentissages étaient laissés de coté depuis un certain temps…La délivrance a eu lieu hier jeudi 24 mai après un repas convivial entre collègues, et avec la promesse de 11 semaines de vacances devant nous !


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